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I drown my sorrows in drinkLydia x Ethan "Bonjour ma chérie, que dirais-tu de venir nous voir la semaine prochaine, pour passer Pâques en famille ? Bisous. Papa" énonce anodinement le texto que je viens de recevoir.
Mon père s’est barré il y a quelques années avec une blonde de son boulot, nous laissant ma mère et moi sans trop d’explications. J’aimerais pouvoir dire qu’on s’en est très bien sorties sans ce type prêt à abandonner lâchement sa famille du jour au lendemain pour une femme qu’il vient de rencontrer, mais ce n’est pas le cas. Ma mère, surtout, a beaucoup subi de ce départ. Depuis, la brillante journaliste qu’elle était n’est plus qu’une épave noyant son chagrin dans l’alcool et la drogue. J’ai moi-même évidemment été touchée par le départ de mon géniteur et lui en voudrai toujours d’avoir brisé le cœur de ma pauvre mère.
Mais le voilà encore une fois me proposant de jouer la pièce rapportée dans sa nouvelle famille, comme si de rien n’était. « Passer Pâques en famille » vous y croyez vous ? Il a choisi délibérément que je ne fasse plus partie de sa famille et me sort ce genre de tirade. Je suis persuadée qu’il me propose de venir en bonne partie pour soulager sa conscience et se donner l’illusion qu’il joue son rôle de père.
Je devrais ignorer son message sans même considérer son offre, mais c’est plus fort que moi. Même si pour l’instant ma rancœur a refait surface, je sais que je finirai bien par lui répondre. C’est tellement rare qu’il pense à moi et me propose quelque chose…qu’il m’est presque impossible de refuser ses rares marques d’attention, puisque c’est ce qu’au fond j’attends toute l’année. Malgré le fait que j’ai extrêmement de mal avec sa nouvelle famille et celui que j’aie l’impression de trahir ma mère, j’espère à chaque fois qu’il finisse par se rendre compte qu’il m’aime réellement et qu’il voudrait me réintégrer véritablement à sa vie pour passer plus de temps avec moi. Bien que ça ne soit encore jamais arrivé.
C'est pas la première fois que j’me retrouve le cul sur ce tabouret. C’est pas la première fois cette semaine que je suis ici, à noyer ma peine. Cependant c'est certainement la première fois que j'aurais les idées claires en repartant.
Je ne saurais vous dire depuis combien de temps je suis ici, assis sur ce vieux tabouret au cuir usé, mais ça doit déjà faire un sacré moment, je suis persuadé que j’étais là avant même que le soleil n’entame sa lente descente. Et c’est le même choix qui s’offre à moi depuis tout ce temps, soda éventé, ou un mauvais whisky. Je n’arrive toujours pas à savoir si je vais résister à la douce mélodie de la boisson. Le bruit des glaçons qui s'entrechoc, le goût amer et la délicate brûlure lorsque le liquide cours dans la gorge.. Boire c’est simple, tellement simple que c'est devenu ma routine depuis quelques temps. Je passe mon temps libre affalé sur le comptoir d'un bar, comme ce père de famille totalement barré dans cette foutue série qui passe sur Showtime. Boire ça m’empêche de réfléchir, ça me permet de ne plus trop souffrir, de ne plus y penser. Mais, ce soir j'suis pas certain d'avoir envie de l'oublier. Je crois au contraire que j'ai envie de me souvenir d'elle, j'ai envie de la sentir s'immiscer dans mon esprit et l'entendre me dicter ma conduite comme elle savait si bien le faire. D'un geste je repousse le verre de bourbon et commande un nouveau soda bien frais.
La serveuse me regarde d'un drôle d'air, peu habituée à me voir avaler cette merde gazeuse. « Bah quoi ?» Je râle en haussant un sourcil ? « J'peux encore boire ce que je veux nan ? » Je me doute bien qu'elle a pas l'habitude de me voir boire autre chose que du whisky ou de la tequila mais les habitudes sont faites pour être changées non ? Je prends mon verre de soda et avale une grosse gorgée avec un air de défis dans le regard, histoire de lui dire « Fais moi boire si tu peux. » avant de me tourner vers l'entrée du bar. Je sais pas trop pourquoi je fais ça, c'est pas comme ci elle allait débarquer pour faire chier. Pourtant je la vois bien arrivée en gueulant un truc genre « Bordel Lowe. Du soda ? T'es malade ou quoi ? » Bon sang ! J'aurais jamais cru dire ça un jour mais même son caractère de casse couille me manque !
Du coup je suis là, comme un con à sourire en fixant la porte d'un bar miteux, sachant pertinemment que même si quelqu’un passe cette porte ça ne sera jamais la bonne. Et d’un coup, l’envie, non, le besoin de boire me titille, tellement que j’en ai presque du mal à avaler une nouvelle gorgée de soda sans grimacer.
« Merde, j’suis en train de virer totalement alcolo ou quoi ? » que j’dis à voix haute sans vraiment m’en rendre compte. Je lève la main devant mon visage, la fixant un instant. Pas de tremblements, c’est bon signe, non ? Ca veut dire que je n’en suis pas encore au point d’être en manque. J’me sens un peu comme un con à être venu dans ce bar, sans vouloir vraiment boire. C’est comme aller faire du shopping sans carte de crédit. Dans un pseudo élan de lucidité, j’me relève et commence à me diriger vers la sortie en bousculant au passage un petit brune assise à l’autre bout du comptoir.
« Fais chier! Pardon. Ca va, t’as rien? » J’demande alors en l'empêchant de se vautrer.
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