Tu venais de sortir du travail. Une journée longue et fatigante, mais une journée qui était au moins constructive et qui t’avait bien fait travailler. Tu en étais contente, cette ordure de mari qui battait sa femme avait été attrapé grâce à tes preuves, des caméras que tu avais soigneusement cachées dans la maison à la demande de la femme. Le petit gamin d’une mère inquiète qui rentrait toujours si tard après l’école a été découvert à s’occuper d’un chien abandonné qui finalement, du coup, a été adopté. Sans oublier la mère perdue retrouvée de cette jeune orpheline née sous X qui voulait tant retrouver ses racines. De belles retrouvailles que vous avez permis d’offrir à cette famille brisée, toi et ta boss. C’était une bonne journée, c’est le cas de le dire, et ce soir, tu étais fière de ton travail. Alors tu as fait cette petite pause dans ce bar avant de rentrer chez toi, boire une chope de ta bière préférée aux fruits rouges, puis rentrer nourrir ton chat, prendre une douche bien chaude et te détendre sur le canapé devant un film sympa. C’est comme ça que se présentait ta soirée avant demain, une autre journée de travail. C’était toujours agréable pour toi, ce genre de train-train. Avant, tu n’aimais pas ça, tu avais besoin de bouger, casser toutes ces habitudes, mais après avoir frôlé la mort, tu t’es rendu compte que pouvoir regarder la télé sous un plaid était déjà quelque chose de très cher. Tu te posais un peu, tu appréciais les choses simples de la vie. Enfin. Il aura fallu qu’on te tire une balle dans le ventre pour que tu comprennes tout cela.

Habillée d’un simple jean, un tshirt blanc, un sweat noir avec une veste en cuir par-dessus, tu souriais au barman qui te donnait ta chope de boisson rouge. Tu passais ta main dans tes cheveux attachés pour les libérer de cet élastique que tu as supporté toute la journée, tu les arrangeais un peu, ça te faisais du bien, ça te détendait et te sonnait le gong de la fin de la journée, un peu comme lorsqu’on rentrait et qu’on retirait son soutien-gorge. Mais ça, ce sera plus tard.
Tu soufflais, agréablement, avant de prendre une gorgée de ta boisson. Et c’est lorsque tu posais la chope sur le bar que là, tu l’as aperçue. Elle était seule, dans son coin, face à sa chope. Paige. Elle était belle, malgré cet air meurtrie et pensive qu’elle avait souvent au visage. Allez savoir pourquoi, ça te plaisait. Ca te donnait envie de lui donner le sourire, et tu l’aimais bien ce sourire. Il était beau, même si tu l’as vu très rarement. Tu te levais alors, prenant ta chope et marchant jusqu’à sa table. Tu déposais ton gros verre face au sien, tu lui souriais. « Salut ! Hé bien, ne reste pas toute seule comme ça.. ! Je peux.. ? » Tu avais confiance mais dès que tu as eu son regard dans le sien, tu as un peu perdu tes moyens et tu ne savais pas comment lui proposer de la rejoindre. Tu as fait de ton mieux.

Elle te souriait, c’était déjà ça. Et tu ne pouvais t’empêcher de l’imiter sur le coup, bêtement. Parce qu’elle était belle ce soir, et elle te plaisait vraiment. Tu te demandais vraiment si c’était réciproque. C’était si flou avec Paige, tu sentais qu’il y avait quelque chose, mais qu’en même temps, elle pouvait t’envoyer boulet dans les règles de l’art sans que tu ne t’y attendes. Cette fille n’était pas comme les autres, il y avait quelque chose. Mais tu allais tout de même vers elle, par courage, culot, ou parce que tu avais l’habitude de te faire remballer ? Peut-être un peu de tout ça.
Une fois qu’elle t’en a donné l’accord, tu t’assoies face à elle. Tu es plutôt sereine, tu as passé une journée tranquille et tu étais de bonne humeur, la journée était terminée et voilà que tu croisais Paige durant ta petite pause bière. Que demander de plus ? Mais tu étais également un peu nerveuse face à elle, comme toujours. Après tout, tu étais loin d’être la fille la plus confiante et extravertie face aux femmes qui te plaisait. « Plutôt bien, je rentre du boulot là. Et toi ? » Tu prends une gorgée de ta boisson. « Je viens parfois ici quand j’ai passé une bonne journée de travail, pour me féliciter un peu tu vois, avant de rentrer me poser sur le canapé. » Tu hausses les épaules en souriant. « Mais… C’est plutôt rare que les gens fassent comme moi. Généralement, on a hâte de rentrer chez soi. Comment ça se fait que tu es toute seule comme ça.. ? » Puis tu secoues ta tête. « Quoi que, ça me regarde pas, désolé. » Tu rigoles nerveusement, quel boulet. Bois plutôt une autre gorgée, un peu plus longue, histoire de te rafraîchir les idées.

Elle souriait, et visiblement ta compagnie de la dérangeait pas, au contraire, alors tu souriais également tout en te détendant. Tu avais fait le plus gros en osant se mettre à sa table, et c’était réussi. Mais visiblement, ce n’était pas ta présence qui la dérangeait mais… Sa vie ? Elle paraissait si blasée, fatiguée. De tout. Elle te disait que sa journée avait été comme une autre, qu’elle en avait marre de rester enfermée chez elle. Tu prenais une gorgée de ta bière en l’écoutant, tu te disais que tu devrais lui proposer de sortir justement. Toi, tu avais tendance à rester chez toi quand tu pouvais c’est vrai, mais tu sortais aussi. Faire des tours à moto, aller t’entraîner à la salle de sport ou voir des amis, parfois juste aller au cinéma toute seule ou faire les librairies vintages du coin. Ce n’était pas grand-chose, tu n’avais pas non plus une vie de dingue, mais à deux, surtout avec Paige, ça pourrait être sympa. Mais est-ce que un jour tu arriveras à avoir le courage de lui proposer ? Ce n’était pas si simple avec Paige, et toi qui avais du mal avec les filles, c’était encore plus compliqué pour toi vis-à-vis de la jeune brune. Tu la sentais à la fois ouverte et fermée, à la fois dans le charme et le mur, c’était tellement compliqué mais d’un côté, tu te disais que vu comment la jeune femme se comportait, elle était sûrement elle-même perdue dans ses émotions. Donc bon, ce n’était pas totalement toi le problème en fait.

Et finalement, tu souriais, passant ta main dans tes cheveux. « Ca me fait plaisir de te voir, aussi. Ca faisait longtemps ! Moi qui comptais te proposer un verre, au final, nous y voilà.. ! » Oui et non, mais bon, tu faisais de ton mieux. « Et… Si jamais tu en as tellement marre de trainer chez toi, tu sais, tu n’as pas à hésiter de m’appeler. » Tu le disais timidement tout en tripotant ton verre, mais enfin, tu le sortais. Tu espérais maintenant qu’elle allait accepter la perche tendue. Paige, elle te plaisait réellement. Tu voulais vraiment en savoir plus sur elle, passer plus de temps avec elle. Alors tu te lançais, qui sait, ce sera réciproque.