Quatre mois, cela faisait quatre mois que Kevin avait perdu son petit-ami, Antoine. Une perte incommensurable. Depuis le départ de Joaquin, de la tristesse qu’avait causé ce départ, Antoine avait été le premier garçon à redonner le sourire au jeune lycéen. Il s’était pourtant promis qu’il ne retomberait pas amoureux de si tôt. Mais finalement, à force de discussion, de sourires enjôleurs et bien Kevin avait fini par craquer et accorder un rendez-vous galant au jeune garçon. Il n’avait pas été déçu, bien au contraire. Il était rapidement tombé amoureux du frère de Charles et maintenant, il devait faire sans lui, sans ses sourires, ses baisers sucrés et tout le reste. Cette perte, il n’en avait pas encore fait le deuil. En même temps, c’était encore tout frais pour lui. Il avait l’impression que l’enterrement c’était déroulé hier, qu’il était venu déposer une rose blanche sur le cercueil de son défunt compagnon, pleurant toutes les larmes de son corps. Il n’allait pas bien, il en était conscient. Le retour de Joaquin n’avait pas aidé, surtout qu’il était finalement en couple avec quelqu’un d’autre. A dire vrai, il n’aurait même pas voulu se remettre avec le serpent. Non, il n’était pas prêt pour se remettre en couple. Il fallait tout d’abord qu’il fasse son deuil et qu’il accepte cette situation des plus difficiles.

Le lycée n’avait plus la même saveur sans Antoine, marcher dans les couloirs était difficile. Mais il fallait bien qu’il aille en cours, son père n’accepterait certainement pas qu’il sèche les cours, peu importe les circonstances. Aujourd’hui, la journée avait été très longue. Kevin était tout de même resté toute la journée dans l’unique but de voir Charles. Depuis le décès de son compagnon et donc du frère du jeune homme, ils ne s’étaient qu’entre aperçus dans les couloirs. Ils n’avaient donc pas pu avoir une conversation normale, enfin normale n’était pas forcément le bon mot. En tout cas, Kevin avait ressenti le besoin de le voir, pour parler, pour lui montrer qu’il était là s’il avait besoin de quoique ce soit. Après tout, ils étaient en train de vivre la même épreuve. Pourquoi ne pas se serrer les coudes ? Et puis, peut-être que de discuter, de se soutenir ferait en sorte de les faire aller mieux. Cela prendrait certainement du temps, mais en tout cas, le jeune Keller avait envie d’y croire et de le voir. Il avait donc attendu la fin de la journée, restant là, accouder à un mur du couloir pour croiser Charles. Par chance, la sonnerie du dernier cours se fit entendre et rapidement les lycéens sortirent des salles de cours. Il n’avait fallu que quelques minutes à Kevin pour voir le visage de celui qu’il cherchait. Il abandonna donc le mur qui le soutenait pour aller le rejoindre. Une fois à sa hauteur, il le salua maladroitement.

« - Hey ! Charles… Désolé de te déranger, est-ce que tu aurais du temps libre pour qu’on puisse discuter et passer un peu de temps ensemble ? »

L’approche était maladroite, le jeune Keller était gêné parce qu’il avait tout simplement peur d’importuner Charles. Et puis, le jeune garçon pouvait très bien l’envoyer bouler. En tout cas, il espérait qu’il réponde positivement à son invitation. A dire vrai, il n’était pas obligé de parler de la mort d’Antoine. Non, ils pouvaient très bien parler du lycée, des devoirs ou de tout autre sujet des plus banals. En tout cas, Kevin ressentait ce besoin de passer du temps avec Charles et il n’y avait pas forcément d’explications à fournir sur ce point.